Les Eumeninae ou guêpes potières, sont là, et ce depuis deux cent cinquante millions d’années en fait. Elles fabriquent des pots en colombins à partir d’une terre chamottée avec du sable, selon la même gestuelle que l’Humanité a développée par la suite dans la fabrication de ses poteries. Elles produisent leurs jarres en Mésoamérique, Chine, Inde, Mésopotamie, Afrique subsaharienne, bassin méditerranéen. Nos civilisations ont peut-être tiré leurs premières formes d’art aux Eumeninae. En tout cas, dans chaque lieu où l’Humanité a touché l’argile, les guêpes potières l’avaient fait avant nous.
Ces minuscules insectes construisent des pots destinés à la gestation de leur progéniture et chaque nouvelle guêpe potière, dès sa naissance, retourne inlassablement à la recherche d’argile.
Depuis quelques années, via les réseaux, la recherche m’amène à collaborer avec des artistes, des chercheurs et aussi des particuliers du monde entier. Patiemment et avec leur soutien, je crée une collection de jarres de guêpes potières provenant de toute la planète.
C’est avec leur aide et leurs histoires, que se dessine ainsi progressivement une véritable carte du monde des guêpes potières. Dans ma pratique, l’action de cuire ces jarres provoque leur fixation temporelle, leur inscription dans un processus de recherche, symbolisant par là même un passage entre nature et culture. Et c’est à travers cette notion de conservation que se constitue jour après jour une collection.
Tara est un mot donné en patois Alpin à tous les types de pots. C’est aussi le nom d’un ancien dieu mineur du panthéon grec, se déplaçant à dos de dauphin, de ville en ville, pour transmettre à l’Humanité les connaissances de la nature et de l’artisanat.
En ce sens Tara est un pont, qui lie le divin, l’animal et l’Humanité.